No full text
Contribution to collective works (Parts of books)
Un laboratoire d’un nouveau style : sans mur ! sans mur ?
Fallon, Catherine
2009In Département de sciences politiques de l'Université de Liège (Ed.) Entre les murs. Un collage
 

Files


Full Text
No document available.

Send to



Details



Keywords :
science production; Science-Technology-Society; open innovation
Abstract :
[fr] Quand les activités scientifiques se reconfigurent, certains murs tombent mais d’autres surgissent. Implanté au coeur de l'Université de Liège (Belgique) et physiquement intégré au CHU de Liège, le GIGA (Groupe Interdisciplinaire de Génoprotéomique Appliquée) est un grand pôle de recherche et de développement d'activités dans le domaine des biotechnologies. Structure unique en son genre en Belgique, il rassemble dans un grand centre « sans mur » près de 600 chercheurs de 20 nationalités différentes (le Giga serait le 9e centre le plus intéressant pour les post-doc hors USA). Ils relèvent de la Faculté de Médecine, de Sciences, de Sciences appliquées, de Médecine vétérinaire et travaillent au sein d’une trentaine de laboratoires, regroupés autour de 7 axes de recherche pour former le Pôle GIGA-Research. Chaque unité thématique s’est adjointe pour son pilotage, un « advisory board » composé des chercheurs étrangers et belges. Le concept novateur du GIGA (laboratoires ouverts, matériel commun) favorise la pluridisciplinarité et repose sur une étroite coopération entre le monde de la recherche et celui de l'entreprise. Faire tomber les murs organisationnels : entre facultés; entre départements ; entre laboratoires et groupes de recherche. L’organisation matérielle du site a été repensée pour dépasser le concept du laboratoire scientifique dont la structure physique elle-même est placée sous la responsabilité d’un professeur, académique permanent et dont la (dé)croissance ne peut que difficilement suivre la (dé)croissance de la production scientifique de son responsable. Le nouveau concept utilise tout le potentiel de la construction en plateaux : la colonne centrale est dédiée aux équipements, matériels, animaleries, salles stériles, salles de réunions mis en commun ; les laboratoires distribués en périphéries communiquent de façon continue, les cloisons intermédiaires étant réduites au minimum, et l’espace est distribué en fonction des projets des chercheurs permanents et de leurs équipes ; enfin, les bureaux de tous les travailleurs, techniciens, doctorants, chercheurs, académiques sont disposés en bordure de plateau, face au somptueux paysage du Sart Tilman. Tous les aspects techniques ont été pensés de façon modulaire, et le nombre de places de bureau est négocié de façon régulière en fonction des contrats de recherche. Cette organisation matérielle doit favoriser la flexibilité des coopérations et les contacts entre chercheurs et entre disciplines. Un centre de recherche sans mur, permet de multiplier les occasions de fertilisations croisées, si importantes pour les projets les plus innovants, mais aussi d’optimiser l’utilisation du matériel partagé, de rassembler des moyens financiers pour payer des techniciens, de partager de l’expertise rare, voire d’investir ensemble pour de nouvelles ressources décidées au niveau du conseil de gestion. Faire tomber les murs organisationnels : entre laboratoires de recherche et clinique universitaire, pour accélérer le transfert des innovations, « from bench to bed » Le choix stratégique fait il y a 5 ans était de construire un «centre de recherche sans mur » au milieu de l’hôpital universitaire : c’est un choix unique en Belgique, l’alter ego du GIGA (le laboratoire IMI qui regroupe une vingtaine d’équipes de l’ULB) fait au même moment, dans le cadre des mêmes fonds Feder, le choix de quitter Bruxelles et l’hôpital universitaire de l’ULB pour s’installer à Gosselies, participant au choix régional de la création d’un biopôle stratégique dans le Hainaut, à deux pas de l’aéroport international. Ce choix du GIGA de rapprocher la recherche en génomique du monde médical est renforcé par la nomination du doyen de la Faculté de Médecine comme président du GIGA : il s’agit de convaincre les partenaires de l’hôpital de la proximité des approches entre chercheurs scientifiques et cliniciens. La recherche translationnelle (« translational research ») s’intéresse au transfert des idées et applications entre les laboratoires, les groupes et entreprises chargées des tests cliniques, les cliniciens, les patients et la communauté soignante. L’étape suivante sera de s’associer à des spécialistes des sciences humaines, sociologues, psychologues et anthropologues, mais aussi à des politologues capables de participer au développement de protocoles d’essais cliniques internationaux, de nouveaux régimes de contrôles de qualité, de nouveaux modèles de financements, y compris pour les contributions des systèmes publics. Faire tomber les murs institutionnels : entre chercheurs et entrepreneurs, entre laboratoires universitaires et entreprises privées, La seconde phase des travaux d’aménagement a permis de renforcer la coopération avec les entreprises spécialisées en mettant un plateau du bâtiment à leur disposition: la surface disponible est déjà entièrement utilisée par des entreprises, dont certaines, sous forme de spin off, mettent en valeur des connaissances nouvelles produites par des membres du GIGA. Pour accélérer et faciliter le transfert technologique, le GIGA travaille en étroite collaboration avec l’Interface Industrie-Université, qui peut jouer, à la demande des universitaires, un rôle de « boundary organisation » entre le monde de la recherche universitaire et celui de l’entreprise. Enfin, le soutien européen a encore permis de financer une structure pour ouvrir de nouvelles fenêtres dans les murs pour des participants occasionnels, invités à des formations organisées au sein du centre pour des demandeurs d’emplois (avec le Forem), pour des travailleurs du secteur des biotechnologies, pour des étudiants des hautes écoles. Ces fenêtres sont aussi ouvertes vers le futur, autour du développement d’un nouveau secteur économique de la région. Le GiGA a été conçu sur la base d’un postulat fondamental posé par l’équipe qui a soutenu son installation: l’importance des contacts interpersonnels dans le développement des connaissances. Même à l’âge des télécommunications, le savoir traverse les corridors et les rues plus aisément que les continents et les océans . Lors des premières étapes des inventions, les idées se transmettent surtout via des réseaux interpersonnels. Il faut établir des contacts répétés pour arriver à développer un langage commun : dans un secteur encore émergent, la science se développe suivant un nouveau paradigme et les transmissions de connaissance ne peuvent avoir lieu de façon standardisée, vu l’importance de nombreux savoirs tacites. Mais peut-on pour autant parler de la chute des murs ? Les « Trompettes de Jéricho » des innovations technologiques ont-elles réussi à faire tomber toutes les murailles qui enserrent l’université ? De nouvelles murailles pourraient se développer : entre activités scientifiques et académiques, entre société et science. Des Murs entre « Chercheurs » et « Enseignants » ? L’université en Belgique repose sur une catégorie professionnelle d’ « enseignants-chercheurs », jonglant au cours des mois entre les trois missions qui leur sont assignées : enseignement, recherche, service à la collectivité, sans oublier les nombreuses tâches d’administration interne. Ce modèle organisationnel est aujourd’hui fragilisé par l’exigence d’excellence et de compétition internationale qui favorise la spécialisation professionnelle dans le domaine de la recherche et affaiblit le pôle « enseignement » parce que la réputation internationale de l’université dépend davantage de sa recherche que de sa formation. Une université doit choisir son positionnement, entre un centre de recherche d’excellence internationale et ouvert sur le monde mais fermé sur son environnement proche, ou un centre de connaissance inscrit dans un certain territoire et ouvert aux interactions avec la société qui la finance et lui confie ses enfants. Ou choisir un nouveau modèle hybride encore à définir, comme le montrent les projets de réformes aujourd’hui en discussion dans nos universités. Des Murs de protection pour le Savoir ? Avec le développement de la « Société de la Connaissance » il est fait mention plus souvent de la nécessité de protéger les recherches, de limiter certaines publications, de repérer les innovations susceptibles d’un brevet ou d’une valorisation. Les chercheurs admettent subir des nouvelles formes de compétition : mondiales et féroces, intégrant non seulement les canons universitaires mais aussi les armes de l’entreprise grâce aux nouvelles normes en matière de propriété intellectuelle. En effet, les USA ont déjà construit des nouvelles murailles dès 1980, avec le Bayh-Dole Act qui transfère aux universités la propriété intellectuelle des connaissances produites dans le cadre de programmes publics de recherche : ce nouveau cadre légal a pour objectif un transfert plus rapide des connaissances vers des applications industrielles et commerciales, y compris au sein des universités qui doivent valoriser les résultats des travaux financés par les fonds publics La déclinaison wallonne de ce modèle date de 1998 et a été accompagnée d’un effort important des pouvoirs publics pour financer au sein des universités des bureaux de valorisation. Mais ces connaissances doivent être protégées par un brevet, valorisées dans un processus de protection qui met à mal certains principes d’ouverture et de mise en commun de la production scientifique. Les murs anciens semblent tomber pour intégrer de nouveaux modes de production de savoir. Les nouveaux murs qui vont se construire autour de la connaissance pour en garantir l’ appropriabilité, ainsi que les nouvelles structures et modes de financement public qui vont encadrer la production scientifique par les universités relèvent d’un certain choix de société. Qui en seront les architectes ?
Research center :
SPIRAL
Disciplines :
Political science, public administration & international relations
Author, co-author :
Fallon, Catherine ;  Université de Liège - ULiège > Département de science politique > Analyse et évaluation des politiques publiques
Language :
French
Title :
Un laboratoire d’un nouveau style : sans mur ! sans mur ?
Alternative titles :
[en] A new style laboratory : wallfree ? or not ?
Publication date :
2009
Main work title :
Entre les murs. Un collage
Main work alternative title :
[en] Between walls.
Editor :
Département de sciences politiques de l'Université de Liège
Publisher :
Les Editions de l'Université de Liège, Liège, Belgium
Available on ORBi :
since 08 August 2011

Statistics


Number of views
187 (18 by ULiège)
Number of downloads
0 (0 by ULiège)

Bibliography


Similar publications



Contact ORBi