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Abstract :
[en] In this contribution, we study a case of anthroponymical interference between two conceptual worlds, with different channels of expression, the Francoprovençal and the French ones. We take support on a bilingual micro-community to build evidence on how every individual is connected to two distinct kinship systems obeying a coordinate bilingualism. The change of the original system into two coordinate systems is explained through a diachronic analysis of anthropological and anthroponymical phenomena. This analysis is based on notions of lineage segmentation and clan stratification. It brings theoretical, practical and methodological insights.
[fr] Le propos de cette contribution est de présenter un cas d’interférence anthroponymique entre deux univers conceptuels d’expression différente, francoprovençale d’une part, française d’autre part. En s’appuyant sur l’exemple d’une micro-communauté bilingue (le Grand-Bornand, en Haute-Savoie), l’auteur montre comment chacun des membres de la communauté s’affilie à deux systèmes de parenté distincts, recouvrant deux systèmes anthroponymiques distincts, selon un bilinguisme coordonné.
Il s’agit de rendre compte du fonctionnement de ce double système et de justifier qu’un même individu se voie identifié, dans la synchronie actuelle, par des noms de parenté aussi dissemblables que, par exemple, francoprovençal mistru et français Perrilliat Mercerot, le premier le rattachant au lignage et le second au clan dont il est doublement membre, structures de parenté qui, du reste, ne sont pas superposables (tous les membres d’un clan n’appartiennent pas à un même lignage).
L’auteur établit, par la voie d’une analyse diachronique, que les noms de lignages et les noms de clans ont entretenu à date ancienne des relations de transcodage (oral > écrit) et d’adaptation (francoprovençal > français) et que la bifurcation du système anthroponymique primitif selon deux voies, lignagère et non lignagère, remonte à une époque ancienne. L’analyse qui soutient l’explication de cette bifurcation se fonde sur les notions de segmentation lignagère (un lignage dont le cycle de développement est expansif tend à se segmenter en de nouveaux lignages ; en corollaire, cette segmentation s’accompagne d’un processus néonymique) et de stratification des clans (les clans sont envisagés commes d’anciens lignages dont les noms ont été fixés par l’écrit à date plus ou moins ancienne, entre 1361 et 1844, selon une chronologie qui repose sur quatre strates d’enregistrement et de fixation, et ont été conservés jusqu’à nos jours pour désigner officiellement des structures qui, ramifiées au cours des temps en lignages — 215 lignages au XXe siècle —, constituent désormais des groupements de lignages — 87 clans au même siècle).
L’auteur tire de cette analyse des enseignements sur la théorie, la pratique et la méthodologie de la recherche en anthroponymie des sociétés à tradition orale.
