Psychologie de la délinquance

Cette nouvelle édition voit le jour en même temps que de nouvelles thématiques telles que le terrorisme et la radicalisation violente qui font l’objet d’un nouveau chapitre dans cet ouvrage. Il se veut une synthèse des savoirs à ce jour développés, basés sur les recherches existantes et sur notre clinique. Il est également abordé à partir des questionnements que cette réalité sociétale réactualise par rapport à la compréhension des comportements violents.
Elargir le champ de la psychologie de la délinquance à ce domaine peut apparaitre comme une évidence alors même qu’il ne doit pas être confondu à ce seul cadrage. En ce sens, il a été important de présenter les dimensions représentationnelles, définitionnelles et conceptuelles avant de décrire les mécanismes psychologiques et sociaux en jeu. Intégrer cette thématique dans un ouvrage de psychologie de la délinquance revient à affirmer la légitimité des sciences psychologiques dans l’approche de la radicalisation violente, tout autant que la nécessaire complémentarité interdisciplinaire avec les sciences sociales, criminologiques, socio-politiques et théologiques, pour en appréhender la complexité.
Donner ce nouveau chapitre en clôture de l’ouvrage, ne clôture en rien la réflexion qu’il peut susciter sur la radicalisation violente et plus largement sur la délinquance. Il est davantage une invitation au développement de la réflexion et de recherches au cours des prochaines années. Cependant, terminer par ce chapitre est l’illustration de ce que toutes nouvelles formes de déviances et de délinquances peuvent se penser et s’étudier à la lumière des fondements développés en psychologie de la délinquance.
Ainsi les premiers chapitres de l’ouvrage au cours desquels ont été présentées les dimensions sociologiques, psychosociales, individuelles, familiales restent un cadre de référence que l’on ne peut négliger dans l’approche des « phénomènes » de délinquances. Ils sont un indispensable pour aborder l’analyse des processus de passage à l’acte et l’évaluation de la dangerosité. Cependant, l’objectivation de l’analyse d’un fonctionnement d’un individu en terme de risques et de troubles antisociaux et psychopathiques ne doit jamais se départir d’une approche globale avec en son centre, l’individu et son devenir en l’envisageant également sous l’angle des facteurs de protection et des possibles changements pour toutes les formes de délinquances, en ce compris les délinquances sexuelles. Ces dernières ont été en leurs temps un nouveau champ psycho-légal auquel on a consacré un chapitre, et demeure un domaine où se poursuivent des avancées dans la recherche et la clinique que le lecteur pourra consulter via la réactualisation des renvois aux publications les plus récentes.
C’est à la suite de ces développements, que le chapitre sur les trajectoires délinquantes prend toute son importance d’autant qu’il permet d’introduire de nouveaux paradigmes dans la recherche en délinquance, qui sont la résilience et la désistance. Il ne s’agit plus de penser le « pourquoi » de cet engagement dans la violence mais le « comment » en sortir, de sorte à identifier comment activer les processus de changements en vue de possibles transitions identitaires et sociales et d’un sentiment d’existence dans la société par des voies autres que la délinquance. L’étude de la désistance est un enjeu majeur, tant pour la recherche devant encore développer les savoirs sur les processus en cours, que pour la clinique et les intervenants accompagnant ces individus qui se sont engagés dans des voies violentes.
Au terme de cet avant-propos, le temps de la reconnaissance. Nos remerciements vont aux chercheures et assistants, aux étudiants, aux collaborateurs et à toutes ceux et celles qui transitent par le service de psychologie de la délinquance. Leur curiosité, dynamisme, intérêt et leurs multiples apports participent à la construction du savoir et peut-être à celle d’un monde meilleur pour l’homme... délinquant. Nul n’est besoin de citer des noms, vous vous reconnaitrez et nous vous sommes reconnaissants de partager ces liens dont manquent tant nos délinquants.

Fabienne Glowacz