Le désaccord chez les délinquants sexuels: obstacle à l'intervention ou défi à notre créativité?

La reconnaissance, par les délinquants sexuels, des faits pour lesquels ils ont été sanctionnés est un axe incontournable de certains types d'interventions à leur égard. Tant pour les auteurs que pour les victimes de délits sexuels, il est fréquemment affirmé que cette reconnaissance est indispensable au travail thérapeutique. Or, cette affirmation ne se justifie ni d'un point de vue "technique", ni d'un point de vue éthique. Dès lors, force est de constater que seuls des présupposés moraux président à ce positionnement. De façon abusive, l'expression d'un désaccord par le délinquant sexuel - simple élément de son discours - apparaît non seulement comme une faute morale voire comme un délit complémentaire, mais également comme le symptôme évident de sa déviance perverse. En outre et assez paradoxalement, alors que la prévention de la récidive est communément admise comme étant la cible principale de nos interventions, une telle exigence de reconnaissance génère des effets contre-productifs puisqu'elle amène, d'une part, à exclure ces délinquants sexuels des circuits de soins traditionnels et, d'autre part, à les priver de l'accès à des mesures de libération conditionnelle, deux éléments déterminants en termes de prévention de la récidive chez les délinquants sexuels. Cette sacralisation de l'aveu, cette foi en la vertu thérapeutique de la confession, du remords et de la contrition, révèlent la contamination de notre champ d'intervention par des considérations strictement idéologiques. A moins que, cette dérive ne soit que l'alibi de notre difficulté à adapter nos pratiques à certains usagers, préférant exiger d'eux qu'ils s'adaptent à nos pratiques et à leurs limites. Plutôt qu'un frein réel à l'intervention, l'expression du désaccord peut être pensée comme un défi à notre créativité. Dans cette optique, les présentateurs de cette communication auront comme principaux objectifs de: clarifier un certain nombre de notions parfois confuses (désaccord, dénégation, déni...); passer en revue ce que la littérature scientifique nous apprend des délinquants sexuels en désaccord; présenter un outil original spécialement dédié à l'intervention auprès des délinquants sexuels en désaccord.