[fr] Avec les progrès des techniques de soins intensifs et de réanimation, de nombreuses personnes survivent à des lésions cérébrales graves et peuvent notamment présenter dans les suites un état de conscience altérée. La création depuis les années 2000 d’unités spécialisées dites “Etats Végétatifs Chroniques / Etats Pauci-Relationnels” témoigne du développement de l’offre de soin dédiée à ces problématiques complexes. De plus en plus d’études scientifiques sont également publiées chaque année sur le sujet de l’évaluation et de la prise en charge de ces patients (ref1). La question du diagnostic d'état d'éveil non répondant ou d'état de conscience minimale constitue entre autres un enjeu majeur pour proposer à ces patients une stimulation adaptée (ref2). Néanmoins, ce domaine d’intervention paraît aujourd'hui encore modérément investi par les psychologues spécialisés en neuropsychologie, professionnels qui semblent pourtant à même d’y contribuer de manière pertinente de par leurs connaissances et leurs compétences (ref3).
Où en sont les pratiques sur le terrain et quelles seraient les perspectives de développement à envisager ?
Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons diffusé une enquête en ligne à destination des neuropsychologues francophones (Belgique, France, Québec et Suisse) en vue de recueillir des données sur la formation, les activités et les attentes de nos collègues. En parallèle, nous avons réalisé une brève revue de la littérature scientifique sur le sujet et sollicité l’avis d’experts concernant les pratiques et spécificités des neuropsychologues auprès de ces patients.
Nos premiers résultats mettent en avant 1°) qu’un nombre non négligeable de psychologues spécialisés en neuropsychologie travaillent auprès de patients en état de conscience altérée, 2°) qu'ils ont des connaissances et une pratique spécifique leur permettant d'apporter un réel bénéfice dans le diagnostic et la prise en charge interdisciplinaire de ces patients, et 3°) que le sujet des états de conscience altérée mériterait une place plus importante dans la formation initiale et continue des neuropsychologues afin de contribuer au développement d’une pratique de haut niveau auprès de ces patients tout à fait particuliers.
Ces résultats nous feront discuter des questions de la formation initiale, des variétés de pratiques et de la perspective d’une enquête élargie aux pays non francophones.