Abstract :
[fr] Le long-métrage "Burning an illusion", réalisé par Menelik Shabazz, met en scène l'éveil politique d'une jeune femme noire, Pat (Cassie McFarlane) lorsqu'elle fait l'expérience du racisme et de la violence dans les rues de Londres. "Burning an illusion" est l'un des premiers films black British à prendre pour personnage principal une femme et Shabazz décrit la conscientisation politique de Pat en termes ouvertement féminins : sa transformation intellectuelle passe en effet par une métamorphose physique. A travers une africanisation de son apparence (son maquillage disparaît, ses vêtements changent et ses cheveux, soigneusement lissés au début du film, reprennent leur apparence naturelle), Pat manifeste son rejet des codes de beauté occidentaux qui annihilent les femmes noires en imposant la blancheur comme point de référence.
Ce long-métrage, réalisé en 1981, met en avant une notion développée par un féminisme noir qui s'éveille à la même époque en Grande-Bretagne : celle de la (re)conquête de la féminité noire à travers la création d'une identité black British fluide qui reconnaît la nature fragmentée des identitées hybrides, racialisées et genrées (Mirza, 1997).
L'analyse d'un corpus de plusieurs films du mouvement du black British Cinema des années 1980 et 90 à travers une approche intersectionnelle, féministe et de genre nous permettra de comprendre ce processus de redéfinition de la féminité noire, jusqu'alors rendue invisible au sein du cinéma britannique blanc (Bourne, 2001). Les films étudiés encouragent en effet la revalorisation de la beauté naturelle du corps féminin noir, permettant ainsi son mouvement d'objet à sujet (Weekes, 1997), en passant par un processus de métamorphose physique. Le corps y est fragmenté (Coly, 2010) afin d'en déconstruire l'image socialement et culturellement produite (Jordan-Zachery, 2013) et de créer ainsi une nouvelle syntaxe qui permet d'articuler et de comprendre le corps féminin noir différemment (Doane, 1981).
