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Abstract :
[fr] Principalement depuis la massification scolaire apparue dans les années 1960, l’Ecole est devenue le lieu où se rencontrent différents problèmes (Dubet, 2010) sur lesquels se penchent les chercheurs en sciences humaines et sociales. L’échec scolaire et les inégalités du système (Bourdieu et Passeron, 1970 ; Laval et al., 2011) tout d’abord, ensuite la violence, le décrochage et l’absentéisme (Payet, 1998), et enfin l’affaiblissement de la norme scolaire (Verhoeven, 1997) constituent les principaux problèmes avec lesquels doivent quotidiennement composer les différents acteurs du champ scolaire.
À ces différents problèmes, ces acteurs tentent d’apporter différentes solutions : en premier lieu, à l’intérieur des institutions scolaires, il s’agit aussi bien de « serrer la vis » que d’adopter des méthodes plus souples (Galand, 2009) ; en second lieu, on observe une multiplication d’organismes externes engagés dans la lutte contre les problèmes scolaires évoqués ci-dessus, tels que les Centres Psycho-Médico-Sociaux (PMS), les Services d’Accrochage Scolaire (SAS), les services de médiation scolaire, les écoles de devoir, le réseau associatif, etc.
Cette contribution s’appuie sur une recherche doctorale consacrée à la médiation en milieu scolaire. La notion de « médiation » caractérise, depuis plus de trente ans, un mode alternatif de résolution des conflits (médiations pénale, familiale, de dettes, scolaire, sociale), basé sur un processus « horizontal » – en opposition à la verticalité du jugement ou de l’arbitrage – impliquant le recours à un tiers neutre et sans pouvoir décisionnel (Guillaume-Hofnung, 1995 ; Bonafé-Schmitt, 1992). En Belgique, la notion de « médiation scolaire » désigne le travail de nouveaux agents publics portant le titre de médiateurs scolaires. Ces derniers officient depuis 1993 en Communauté française dans le but de prévenir les phénomènes de violence, de décrochage et d’absentéisme, ainsi que pour (r)établir le climat de confiance dans les écoles. Cependant, au-delà de cette forme de médiation « nommée » coexistent des formes de médiation « innommée » (Briant et Palau, 2005), pratiquées par d’autres acteurs scolaires (enseignants, éducateurs, psychologues, etc.) dans leur travail quotidien.
Nos recherches, menées notamment dans plusieurs établissements d’enseignement secondaire - ayant des liens permanents, occasionnels ou inexistants avec des médiateurs institutionnels -, ont permis de mettre à jour différentes catégories de problèmes concrets rencontrés par les acteurs scolaires ainsi que les solutions mises en place pour tenter d’y remédier. Parmi les problèmes de transgression du règlement, d’orientation, de précarité socio-économique ou encore d’absences injustifiées, ce sont les conflits interpersonnels qui sont identifiés comme les problèmes les plus souvent mentionnés par les acteurs lorsqu’ils évoquent leur quotidien, bien que ces catégories sont éminemment interdépendantes.
L’objectif de cette communication sera de rendre compte des différents types de conflits rencontrés dans les établissements scolaires ainsi que des modes d’action ponctuels et des dispositifs structurels développés pour y répondre. D’autre part, il s’agira de qualifier les modes de régulation (autoritaire et « négociatoire ») dans lesquels ces pratiques et dispositifs s’inscrivent.