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Abstract :
[fr] A l’heure actuelle, la vision prégnante du vieillissement est négative, teintée des phénomènes d’âgisme et de jeunisme. Cette vision est objectivée dans diverses enquêtes récentes (ex : l’Eurobaromètre des statistiques de discrimination en Europe) qui soulignent que le motif de discrimination le plus souvent cité en Europe est l’âge (correspondant ici au fait d’avoir plus de 55 ans ; 4 % en 2012, 6 % en 2009), suivi seulement par la race (3 %). Si la personne vieillissante est déjà stigmatisée en général, il n’est pas étonnant de constater que le fait d’être atteint d’une pathologie démentielle accroît encore ce phénomène : les individus souffrant de démence sont considérés comme faisant partie du groupe le plus marginalisé et stigmatisé dans la société (Graham et al., 2003). Les personnes qui en sont atteintes sont souvent perçues comme n’ayant plus une bonne qualité de vie (Qdv) ni la capacité d’éprouver du plaisir (Garand et al., 2009). En ce sens, ces personnes font donc l’objet d’une double stigmatisation (stigmatisation liée au fait d’être âgé et d’être atteint de démence).
Sur base de ce constat, cette présentation s’axera sur les liens qui peuvent exister entre nos représentations du vieillissement (et de la démence) et le concept de Qdv. Tout d’abord, nous aborderons les résultats des recherches dans le vieillissement « normal ». A côté des études de Levy (cf. Levy, 2009 pour une synthèse) ayant démontré l’impact délétère d’une vision négative du vieillissement sur la santé mentale et physique des aînés, diverses études récentes (ex : Bodner et al., 2011) ont montré qu’une vision négative du vieillissement était liée à une moindre Qdv. Plus encore, le niveau de Qdv peut en partie s’expliquer par la vision du vieillissement (ex : Top et al., 2012). Ces constations nous amènent à nous questionner sur la situation dans le cadre des pathologies démentielles. A ce niveau, il s’avère nécessaire de recourir à une hétéro-évaluation de la Qdv pour toute personne souffrant d’une démence sévère. En ce sens, ce n’est pas le patient lui-même qui fournit des réponses mais un aidant (professionnel ou familial). Sur base de cet élément, nous avons mis au point un protocole de recherche destiné à évaluer la Qdv de personnes souffrant de pathologies démentielles vivant en MR ou MRS, en y incluant des mesures d’âgisme des aidants. Ce protocole a été élaboré dans le cadre d’une collaboration avec l’ASBL Fédération des Institutions Hospitalières (FIH). Nous faisons l’hypothèse que la perception d’une même réalité (un même patient est évalué sur base d’un même outil) c.à.d. la qualité de vie, serait en partie tributaire de la vision que chaque soignant a du vieillissement et de la démence.
Dans le prolongement de la présentation de cette étude, nous aborderons le fait qu’avoir une vision négative du vieillissement et de la démence nous amène à avoir des attitudes différentes (souvent bienveillantes mais pas toujours positives) à l’égard des personnes âgées. Ces attitudes ont un impact délétère sur la santé mentale et physique des personnes âgées et donc aussi sur leur qualité de vie (ex : Mandelblatt et al., 2003). Ces conséquences de l’âgisme sont donc susceptibles de confirmer la vision négative véhiculée à l’égard des personnes âgées (ex. : les personnes âgées sont vulnérables, dépendantes et ont une mauvaise qualité de vie) et ainsi d’alimenter un cercle vicieux.
Biblio
1. Eurobaromètre 57.0 - mai 2012 - http://europa.eu.int/comm/public_opinion/
2. Graham et al., 2003 Int J Geriatr Psychiatry, 18(8), 670-678.
3. Garand et al. (2009). Res Gerontol Nurs, 2(2), 112-121.
4. Levi (2009). Curr Dir Psychol Sci; 18, 332-6
5. Bodner et al. (2011). Int Psychogeriatr,23(8),1197–1204
6. Top et al. (2012). Research on Aging, 35(5), 533-562
7. Mandelblatt et al. (2003). J Clin Oncol, 21, 855-863.