D’affaire sociale à affaire médiatique : cas d’étude de trois affaires en Tunisie.

Les recherches sur la contestation en Tunisie se sont fortement focalisées sur les médias sociaux dans la publicisation de la dénonciation publique, par contre ces études négligent souvent les étapes précédentes et postérieures à la médiatisation via les réseaux sociaux. Notre recherche a l’ambition d’analyser ces étapes creuses en se concentrant notamment sur la place des auteurs dans la construction de la dénonciation et de la justification (Boltanski, 1991), ainsi que sur le processus de construction de problèmes publics dont certaines affaires ont fait l’objet. En partant de la vision des acteurs, nous étudierons la construction symbolique des « cadres d’interprétation » (Goffman 1974, Gitlin,1980) qui servent à la cause. Parallèlement, nous analyserons la médiatisation de ces cadres d’interprétation dans les médias occidentaux afin de mettre en évidence les correspondances et discordances avec les cadres mis en avant par les acteurs. Ceci nous permettra d’investiguer l’évolution du traitement médiatique de la dénonciation publique en Tunisie depuis les derniers moments de la dictature de Ben Ali à nos jours ; ainsi que nous donner des pistes pour comprendre la façon dont ces événements attirent le regard médiatique extérieur, en mettant l’accent sur l’importance donnée par les médias à des questions liées à la religion et aux droits des femmes.