Abstract :
[fr] On peut distinguer dans la correspondance de Guichardin trois moments historiques au cours desquels la liberté est mise en danger par les armes. Premièrement, l’ambassade espagnole de 1512, lorsque le jeune Guichardin est envoyé en mission auprès du roi d’Espagne pour sonder ses intentions. Ensuite, l’année 1525, moment de constitution de la ligue de Cognac, durant laquelle Guichardin consacre une partie de son temps à la rédaction de discours contradictoires sur le meilleur comportement politico-militaire à adopter pour « libérer l’Italie ». Enfin, l’année 1527 qui voit le terrible sac de Rome. Si la notion de liberté est généralement associée au bien-être, à la paix et à la santé, de Florence dans la première période, de la péninsule dans le deuxième moment, de Florence et de la Péninsule dans le troisième et justifie – paradoxalement – le passage aux armes pour la défendre, la conserver ou, pire, la restituer, selon les moments, le mot « liberté » ne recouvre toutefois pas le même sens. Lorsqu’il s’agit de protéger Florence, Guichardin entend défendre l’autogestion de la ville pourtant sous gouvernement médicéen ; la « liberté commune » ou « liberté d’Italie » renvoient à la seule absence d’étrangers dans la péninsule, alors qu’en 1527, lors du retour à un gouvernement populaire à Florence, la « libertà della città » n’est autre que l’appellation pour désigner ce même gouvernement populaire républicain. Tandis que, sur le terrain, les soldats s’affrontent pour « libérer » tel morceau de l’Italie – au sens renaissant d’ensemble de cités-état vivant en équilibre – voire la péninsule entière de tout occupant étranger, dans ses lettres Guichardin mène le même combat, tentant par la force de la plume de faire fléchir les uns et de convaincre les autres, n’hésitant pas à exploiter les multiples sens recouverts par le mot « liberté ».