Doctoral thesis (Dissertations and theses)
Variation linguistique et signification sociale chez les jeunes Bruxelloises issus de l’immigration maghrébine. Analyse socio-phonétique de trois variantes non standard.
Audrit, Stéphanie
2009
 

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Keywords :
sociolinguistique; phonétique; immigration
Abstract :
[fr] La présente recherche doctorale a pour objet trois variantes phonétiques non standard, réputées spécifiques aux jeunes issus de l’immigration maghrébine, ainsi que les significations méso-sociales attachées à ces dernières. Le niveau méso-social est défini ici comme celui des profils ou personnages sociaux (Coupland 2001). Mon hypothèse est que des locutrices macro-socialement homogènes utilisent de façon contrastée des variantes non standard en fonction de leur adhésion à des profils méso-sociaux contrastés. Cette problématique est abordée à travers l’analyse de données authentiques, collectées durant une enquête de terrain d’un an au sein de deux écoles bruxelloises. Ces écoles accueillaient une population essentiellement féminine et issue de l’immigration. Dans chacune d’elles, un groupe de pairs constituant une communauté de pratiques (Eckert 2000, 2005) a été sélectionné. L’objectif de ce mode ethnographique de recueil des données est double : (i) il devait tout d’abord permettre de déterminer quels sont les profils de locutrices spécifiques aux groupes de pairs investigués ; (ii) deuxièmement, une enquête menée sur le long terme permettait également de recueillir de la parole la plus proche possible du vernaculaire des informatrices. Les trois variantes phonétiques non standard sont les suivantes : (i) les voyelles amuïes : il s’agit de voyelles fortement réduites, voire qui disparaissent complètement du signal sonore, et cela dans des positions tout à fait atypiques en français standard ; (ii) les /A/ postériorisés : ces réalisations du /A/ se caractérisent par le recul de leur point d’articulation, qui a pour conséquence de rapprocher leur timbre de celui du /ɔ/ ; (iii) les variantes marquées de /r/ : cette dénomination, volontairement large, englobe des réalisations vibrantes fricatives ainsi que des réalisations fricatives accompagnées d’une grande quantité de bruit. Analyser la signification méso-sociale de variantes non standard requiert le recours à une double méthodologie, à la fois qualitative et quantitative. Le volet qualitatif concerne l’analyse des données ethnographiques (à savoir des entretiens ainsi que des notes de terrain prises au vol). Cette analyse a débouché sur la découverte de trois profils de locutrices contrastés, respectivement dénommés la déconneuse, la provocatrice et la fille pudique. Dans un deuxième temps, l’existence d’un lien entre les différents profils de locutrices et l’usage de chacun des variantes marquées a été investigué grâce des tests statistiques d’indépendance (tests du chi carré). Ces tests ont mis en évidence que les voyelles amuïes ainsi que les variantes marquées de /r/ sont utilisées de façon privilégiée par les déconneuses et les provocatrices, soit deux profils de locutrices qui prennent une distance plus ou moins importante à l’égard des valeurs marocaines et maghrébines traditionnelles. En revanche, les /A/ postériorisés semblent posséder un double visage, dans la mesure où ils sont reliés avec deux profils de locutrices très différents, à savoir les provocatrices et les filles pudiques. Cette variante est également souvent citée comme caractéristique du langage des classes populaires (Jamin 2005). Il semble donc que le /A/ postériorisé possède de multiples significations, dont le point commun serait la péjoration. Si l’on en revient à l’hypothèse de départ, l’usage des variantes marquées apparaît donc effectivement comme lié à l’appartenance des locutrices à des profils contrastés. Cependant, ces profils ne sont pas le seul facteur à entrer en ligne de compte : les résultats des tests montrent que, conjointement au profil, l’établissement scolaire fréquenté par une locutrice exerce également une influence sur l’usage des variantes marquées. Cette importance de l’école a d’ailleurs été soulignée par diverses recherches en sociologie de l’éducation et porte le nom d’effet-établissement (Dumay & Dupriez 2005, 2008).
[en] The present PhD research concerns three non-standard phonetic variants, known as specific to the adolescents from Moroccan immigration, and the meso-social meanings linked to these variants. The meso-social level is defined here as the profiles or social personae (Coupland 2001). My hypothesis is that macro-socially homogeneous speakers use non standard variants according to their belonging to contrasted meso-social profiles. This problem is tackled through the analysis of authentic data, collected during a one-year ethnographic survey inside of two Brussels schools. These schools had a mostly female and immigrated population. Among the two of them, a peer group constituting a community of practice (Eckert 2000, 2005) was chosen as the focus of the study. This ethnographic gathering of data has a double aim: (i) first, it has to allow to determine what the profiles specific to the investigated peer groups are; (ii) secondly, a long-term survey must allow to collect speech as close as possible of the speakers’ vernacular. The three non standard variants are the followings: (i) The reduced vowels: they are strongly reduced vowels that can completely disappear from the sound signal, in very atypical positions according to standard French. (ii) The back /A/: these realisations of /A/ are characterized by the backing of their articulation point, whose consequence is to move their timbre closer to this of /ɔ/ ; (iii) The marked variants of /r/: this large designation includes trill fricatives and fricatives produced with a large amount of noise. Analyzing the meso-social meaning of non standard variants requires a double methodology, both qualitative and quantitative. The qualitative part concerns the analysis of ethnographic data (interviews and fieldwork notes). It leads to the discovery of three contrasted speaker profiles, that is to say the messing-up girls, the provocatives and the modests. In the second part of the analysis, the existence of a link between the different speaker profiles and the use of each of the marked variants was investigated through statistical independence tests (chi square tests). These tests underline that the reduced vowels and the marked variants of /r/ are more used by the messing-up and the provocative girls, that is to say to speaker profiles which distance the traditional Moroccan and Muslim values. At the opposite, the back /A/ seem to have a double face, because they are linked with two very different profiles, the provocatives and the modests. This variant is also often mentioned as characteristic of the lower class language (Jamin 2005). It seems thus that the back /A/ have multiple meanings, whose point in common would be pejoration. If we come back to the initial hypothesis, the use of marked variants thus appears to be linked to the speakers’ belonging to contrasted profiles. However, these profiles are not the only factor to have an influence: the results of the tests show that, jointly to the profiles, the school has also an influence on the use of marked variants. This importance of school was furthermore underlined by several researches in sociology of education, where it is known as the school composition effect (Dumay & Dupriez 2005, 2008).
Research center :
Centre de recherche VALIBEL
Disciplines :
Languages & linguistics
Author, co-author :
Audrit, Stéphanie ;  Université Catholique de Louvain - UCL > ROM > Centre de recherche VALIBEL
Language :
French
Title :
Variation linguistique et signification sociale chez les jeunes Bruxelloises issus de l’immigration maghrébine. Analyse socio-phonétique de trois variantes non standard.
Alternative titles :
[en] Linguistic variation and social meaning among Moroccan adolescent girls in Brussels. Socio-phonetic analysis of three non standard variants.
Defense date :
16 December 2009
Number of pages :
405
Institution :
UCL - Université Catholique de Louvain
Degree :
Doctorat en langues et lettres
Promotor :
Simon, Anne Catherine
Francard, Michel
Jury member :
Hambye, Philippe
Beheydt, Ludovic
Armstrong, Nigel
Name of the research project :
Action de Recherche Concertée "Hétérogénéité linguistique. Le français en contact dans les écoles bruxelloises multiculturelles"
Funders :
FWB - Fédération Wallonie-Bruxelles [BE]
Available on ORBi :
since 11 January 2013

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