Abstract :
[fr] L’organe de l’audition chez les mammifères est sans doute l’une des plus remarquables structures rencontrées chez les vertébrés supérieurs. Cet organe, qui porte le nom de celui qui l’a décrit pour la première fois à la moitié du XIXème siècle (Alfonso Corti, 1851), possède un arrangement cellulaire complexe et hautement ordonné. L’organe de Corti est situé sur la face dorsale du canal cochléaire, au sein de l’oreille interne. Il est composé de cellules sensorielles reposant sur des cellules de soutien. Trois rangées de cellules sensorielles externes et une rangée de cellules sensorielles internes sont réparties de part et d’autre du tunnel de Corti, lui-même limité par les cellules piliers externes et internes. Chaque cellule sensorielle est séparée de la suivante par une cellule de soutien, les cellules de Deiters du côté externe et les cellules phalangeaires du côté interne. À l’état mature, cette structure est bien connue ; cependant, notre connaissance de la mise en place du cytosquelette dans ces différentes cellules hautement spécialisées de l’organe de l’audition en développement reste largement parcellaire et incomplète.
Dans ce mémoire, nous avons analysé en microscopie confocale à balayage laser le développement de l’organe de Corti entre le 18e jour embryonnaire et le 15e jour post-natal. Pour appréhender le cytosquelette, nous avons utilisé les anticorps anti-tubuline βIV, anti-vimentine, anti-cytokératine pan (CK 1, 4, 5, 6, 8, 10, 13, 18 et 19), et anti-cytokératine 8. Seule la partie basale du canal cochléaire et les structures adjacentes ont été examinées.
Nous observons que la tubuline βIV est présente au niveau des cellules sensorielles internes entre E21 et P4-P5, au niveau des cellules sensorielles externes entre P0 et P4-P5, de la cellule phalangeaire à P0, au niveau de la cellule pilier interne et au niveau des cellules de Deiters entre P0 et P15 et enfin au niveau de la cellule pilier externe entre P4-P5 et P15 ; ainsi, cette protéine est d’abord présente dans les cellules sensorielles et ensuite dans les cellules de soutien. Enfin, nous montrons pour la première fois que la cellule phalangeaire est marquée à P0 avec cet anticorps.
Nous décelons également une positivité dans toutes les cellules épithéliales du canal cochléaire, et en particulier au niveau des cellules piliers et au niveau des cellules de Deiters entre P8 et P12, avec les deux anticorps anti-cytokératine utilisés.
Nous localisons de la vimentine au sein de l’épithélium du canal cochléaire alors que celle-ci est typique des cellules d’origine mésodermique. Cette transition épithélio-mésenchymateuse permettrait aux cellules épithéliales d’acquérir une plus grande liberté de mouvement.
Finalement, nous suggérons que les marquages préférentiels des cellules piliers et des cellules de Deiters entre P8 et P12 obtenus avec les quatre anticorps étudiés pourraient être corrélés avec la formation du tunnel de Corti et des espaces de Nuel dans l’organe de l’audition.