Abstract :
[fr] Depuis une vingtaine d’années, nombreux sont les pays qui ont mis en oeuvre une réforme de leur administration publique, inspirées du New Public Management. Ces processus de modernisation font l’objet d’une littérature abondante ; de multiples débats portant sur le modèle du New Public Management et ses déclinaisons évoquent ses avantages et inconvénients, sa pertinence, ses paradoxes ou encore les difficultés liées à sa mise en oeuvre ou à son évaluation.
Basé notamment sur des principes d’efficience, de transparence, de responsabilité managériale, ce modèle place le client au centre de l’organisation, et entraîne une transformation de multiples aspects de l’organisation : ses modes d’organisation, sa politique de GRH, ses stratégies, sa manière de concevoir et de remplir ses missions, ses structures, ses valeurs, ses systèmes et réseaux, ses référents, etc. Cette transformation suppose la valorisation de modes de fonctionnement, de valeurs et de compétences différents, et a pour résultat un bouleversement de l’identité organisationnelle (plurielle et complexe) et des identités professionnelles des membres de cette organisation.
Notre propos repose sur l’hypothèse d’une co-structuration des identités au sein de l’administration, et du contexte de mise en oeuvre de la réforme : les réformes ont certes un impact sur les identités, mais celles-ci agissent en retour comme un filtre sur les réformes, qui dès lors seront réappropriées et mises en oeuvre de manière différenciée selon les profils identitaires en présence.
Nous proposons d’illustrer cette réflexion par des données empiriques provenant d’une étude de cas menée de manière longitudinale, selon une méthodologie qualitative, dans l’administration fédérale belge. Au travers de l’analyse de ces données, nous présentons une grille de lecture des dynamiques identitaires lors d’un processus de modernisation d’une administration, et concluons sur une série de pistes de réflexion sur les stratégies de gestion du changement au travers d’une approche basée sur les identités. Ces réflexions identifient certains des défis que rencontre le gestionnaire, et posent la question de ses moyens d’action et sa contribution lors de transformations de l’organisation : comment le gestionnaire peut-il, au travers d’une approche par les identités, réfléchir et agir sur le rapport des acteurs à l’organisation qui les emploie.
Research center :
Laboratoire d'Etudes sur les Nouvelles Technologies de l'Information, la Communication, l'Innovation et le Changement - LENTIC