[fr] Cet article concerne le concept de réflexion et son importance pour la philosophie de l’art et de la politique depuis la modernité kantienne. Il s’organise en trois temps. Il s’agira d’abord d’interroger le concept de réflexion à l’œuvre dans la Critique de la raison pure et d’apprécier son rapport au jugement réfléchissant esthétique qui fait le cœur de la première partie de la Critique de la faculté de juger. Dans un deuxième temps, on montrera, en suivant H. Arendt, à quelle type de lecture politique ce problème esthétique kantien a pu donner lieu ; d’autre part, avec cette fois A. Badiou, on signalera à quelle sorte de critique s’expose la lecture arendtienne. L’objectif est en général de montrer qu’il est possible d’allier les propositions esthétiques de Kant avec un concept radical – marxien plutôt qu’arendtien – de la politique. C’est pourquoi, dans un troisième temps, on s’attachera à quelques textes de J. Rancière : la critique qu’il oppose aux lectures de Kant proposées par Bourdieu et par Lyotard démontre en effet qu’une pensée de la politique d’inspiration kantienne bien plus radicale que celle de Arendt reste possible. Plus globalement, on montrera ici que l’histoire de la philosophie moderne (par exemple kantienne) ne peut être à elle-même sa propre fin : elle doit toujours être infléchie en direction des enjeux actuels qui sont ceux de la philosophie politique, et ceux de la politique tout court. Sauf à estimer que la tâche philosophique doit désormais s’identifier à celle du gardien de musée, ou du gardien du temple.
Disciplines :
Philosophy & ethics
Author, co-author :
Bolmain, Thomas ; Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Philosophie morale et politique
Language :
French
Title :
Postérités politiques du jugement réfléchissant esthétique. Kant, d’Arendt à Rancière
Publication date :
2012
Journal title :
MethIS: Méthodes et Interdisciplinarité en Sciences Humaines